ChatGPT, craintes, limites et espoirs de l’Intelligence Artificielle

Après les écoles et les universités de New York, c’est au tour des grandes écoles françaises, comme Sciences Po, de bannir l’utilisation du robot conversationnel (chatbot) révolutionnaire développé par OpenAI. Le département de l’Éducation de la Grosse Pomme a décidé d’empêcher l’accès au site de l’outil sur ses ordinateurs et sur son réseau interne. Les autorités pédagogiques prétextent des impacts négatifs potentiels sur l’apprentissage des élèves, au regard de la sécurité et de l’exactitude du contenu. Il favoriserait par ailleurs la triche et le plagiat.

L’outil maîtrise le langage humain

Depuis son lancement en novembre 2022, le chatbot est capable de comprendre le langage humain, de produire des textes écrits très précis et de simuler des conversations extrêmement crédibles et engageantes avec l’être humain. Il peut donc faire office d’assistant virtuel et rédiger des dissertations, ce qui n’a pas échappé aux étudiants, qui sont les premiers à y déceler les multiples bénéfices. Faut-il pour autant en avoir peur? L’utilisation de la calculatrice n’avait-elle pas provoqué la même méfiance en son temps? Elle est aujourd’hui admise dans les salles d’examen, moyennant une adaptation des énoncés et des contenus.

ChatGPT est très rapidement devenu viral et compte ses utilisateurs par millions depuis sa mise à disposition gratuite au public. Sam Altman, le PDG de la start up californienne à l’origine de DALL-E (créateur d’images inédites et étranges à partir de quelques mots) explique cet engouement par les capacités d’écriture impressionnantes de cet outil ainsi que sa facilité d’utilisation. Le format de dialogue permet à ChatGPT de répondre à des questions, de reconnaître ses erreurs ou encore de contester et rejeter des demandes inappropriées.

Pour y parvenir, l’agent conversationnel est développé sur la base du modèle de langage GPT (Generative Pre-Trained Transformer), technologie éprouvée sur un vaste corpus de textes: articles de journaux, romans, scripts de films et de télévision, ainsi que des conversations en ligne. Un apprentissage qui lui permet de comprendre le contexte d’une conversation et de fournir des réponses pertinentes et cohérentes.

Les professeurs devront s’adapter à cette nouvelle ère

L’émergence d’outils transparents et leur polyvalence comme ChatGPT ne sera pas sans conséquences sur la manière d’enseigner. Capable de répondre à des questions courantes, de résoudre des énigmes, des problèmes ou encore des équations, de déchiffrer un code informatique ou de fournir un raisonnement mathématique, cette solution technologique va inévitablement conduire à la nécessité de faire évoluer les pratiques pédagogiques et les évaluations des enseignements.

Google bientôt dépassé?

L’outil pourrait être, à moyen terme, une alternative crédible à Google en raison de sa capacité à formuler des réponses complexes aux requêtes des internautes. ChatGPT peut s’adapter à un large éventail de sujets et de styles de langage. Il pourrait aussi servir à générer des contenus pour les sites web, les réseaux sociaux ou encore rédiger des scripts de films ou de séries. Une aptitude qui interroge la place de l’être humain que cette technologie pourrait bien remplacer à terme. Certains métiers semblent d’ores et déjà condamnés, comme les rédacteurs, les greffiers ou archivistes.

Cette inquiétude est toutefois tempérée par les limitations techniques actuelles de ChatGPT: l’absence de nuance, d’esprit critique et de la capacité à prendre des décisions éthiques. Des éléments essentiels dans la rédaction de certains types de contenus, notamment journalistiques. De plus, l’outil n’est pas infaillible et peut fournir des réponses totalement fausses en rédigeant des « réponses à l’apparence plausible mais incorrectes ou insensées », concède l’entreprise. Un problème qu’OpenAI reconnaît difficile à résoudre.

Bientôt un détecteur de ChatGPT

 ChatGPT s’est démarqué ces dernières semaines par sa capacité à concevoir des contenus éducatifs comme des dissertations avec une efficacité redoutable. Les risques de plagiat ont rapidement alerté le monde éducatif d’autant que le chatbot sait aussi affirmer des erreurs avec une grande assurance! Une limite cependant, le système repose sur des données datées et tend à répéter les mêmes préjugés sociaux, en s’inspirant justement des données récupérées sur internet. Pour éviter tout plagiat, OpenAI travaille d’ailleurs sur un outil qui permettrait de détecter rapidement et facilement si tout ou partie d’un texte a été généré par le chatbot. Et puis, détail et non des moindres, ChatGPT est dénué de toute conscience et donc de l’esprit critique et des émotions, il n’est donc pas capable d’apporter les nuances infinies de l’esprit humain à ses raisonnements… pour le moment.  

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